Un article de Benoît Trépied intitulé « Recherche et décolonisation en Nouvelle-Calédonie contemporaine : lectures croisées », est paru dans la Revue d’Histoire des sciences Humaines en août 2011.
La Nouvelle-Calédonie est actuellement engagée dans un processus de décolonisation inédit qui a profondément transformé les méthodes, les objets et les problématiques des chercheurs en sciences sociales oeuvrant sur ce terrain. Longtemps tenu à l’écart des débats sur la « décolonisation scientifique » en Océanie anglophone, ce territoire français du Pacifique Sud est aujourd’hui le lieu principal où se renégocient les conditions sociales, administratives et intellectuelles de la recherche, dans un dialogue désormais incontournable entre chercheurs locaux, universitaires extérieurs, agents administratifs et responsables politiques de l’archipel. L’irruption politique des Kanak depuis les années 1980 a également eu pour effet d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche, notamment autour des dynamiques historiques et coloniales, des enjeux politiques et des relations interethniques. Ce faisant, elle n’a pas seulement bousculé les frontières traditionnelles des disciplines, mais aussi l’ensemble des représentations académiques et profanes sur la place du « legs colonial » en Nouvelle-Calédonie.
The French Territory of New Caledonia is currently involved in an unprecedented process of decolonisation which deeply transforms methodologies, objects, and problematics of social scientists doing fieldwork in this Oceanian archipelago. Although the issue of " the decolonisation of research ", which created great debates and controversies throughout Australia and the Anglophone Pacific, did not reach New Caledonia for a long period of time, the French Territory has now become the very place where social, financial and intellectual conditions of research are being discussed and renegotiated between local, French and international scholars, government officials and political leaders. The Kanak political uprising of the 1980s also had a major impact on the opening of new perspectives for research, including studies on historical and colonial dynamics, politics, and interracial relationships. Not only did this political uprising shake the traditional borders of disciplines in social sciences : it also created a tremendous change in academic and non-academic representations on the " colonial legacy " in New Caledonia.
Benoît Trépied, « Recherche et décolonisation en Nouvelle-Calédonie : lectures croisées », Revue d’histoire des sciences humaines, n°24, août 2011, pp. 159-187.