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Proyectos de investigación | Nueva Caledonia

Proyecto de investigacion

Projet de recherche Projet de recherche | Benoît Trépied - 11 de mayo de 2011

Contexte

Depuis la fin des années 1980, les revendications en termes de décolonisation et d’indépendance en Nouvelle-Calédonie (territoire français du Pacifique Sud) ont provoqué dans le champ scientifique l’émergence de travaux originaux en anthropologie politique. Ceux-ci se sont tout particulièrement intéressés au militantisme nationaliste kanak (en faveur de la création de la « République de Kanaky ») puis aux processus de compromis et de réconciliation négociés entre Kanak, Caldoches (colons) et Etat français lors des Accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998). Or depuis une dizaine d’années, de nouvelles revendications kanak ont vu le jour, qui se réfèrent explicitement à « l’autochtonie » et à la Déclaration des droits des peuples autochtones (DDPA/UNDRIP), plutôt qu’à l’indépendance ou la « citoyenneté calédonienne » prônée par l’Accord de Nouméa.

La présente recherche a pour vocation d’examiner la complexité des relations entre les idéologies et pratiques politiques kanak relevant de l’indépendantisme, d’une part, et de l’autochtonie, d’autre part. Ce débat renvoie en effet à une confrontation fondamentale entre deux types de légitimité politique kanak : celle des élus kanak (système représentatif d’inspiration occidentale) et celle des « coutumiers » (« chefs », « conseils des anciens », « sénateurs coutumiers »). Elles-mêmes nées de l’histoire coloniale, ces catégories « traditionnelles » nécessitent d’être dénaturalisées et restituées dans leur dynamique socio-historique propre.

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Jeune famille kanake de la tribu de Montfaoué, devant leur maison, région de Poya, Province Nord, Nouvelle Calédonie. © Jean-François Marin/fedephoto.com

Deux stratégies politiques kanak pour l’auto-détermination

La Déclaration des droits des peuples autochtones a été votée par la France en 2007, alors que la Nouvelle-Calédonie se trouvait déjà à mi-parcours d’un processus inédit de décolonisation progressive défini par l’Accord de Nouméa (débuté en 1998 et qui se terminera entre 2014 et 2018). Cet Accord inclut notamment la reconnaissance d’institutions kanak autonomes : reconnaissance des « terres coutumières », promotion de la culture kanak, création « d’aires coutumières » et d’un « Sénat coutumier », reconnaissance de l’existence d’un « droit coutumier » (non écrit jusqu’à présent). Une « citoyenneté calédonienne » a également été créée par l’Accord de Nouméa, en tant que traduction légale, sociale et politique du concept fondateur de « souveraineté partagée dans un destin commun ». Depuis lors, certains activistes kanak ont mobilisé la DDPA/UNDRIP sur la scène politique locale, afin d’exiger un contrôle kanak global sur les ressources naturelles, ainsi qu’une écriture définitive du « droit coutumier ».

Notre recherche analyse la construction et les impacts de ces nouveaux discours et pratiques politiques kanak, qui renvoient pour une large part (mais pas uniquement) aux débats internationaux sur l’autochtonie. Nous étudions également les mécanismes de l’importation et de la circulation de ces débats internationaux sur la scène politique locale. Enfin cette recherche a également pour but de questionner le rapport de l’Etat français contemporain aux revendications de ces anciens « indigènes », qu’elles s’expriment en terme d’indépendance ou d’autochtonie. La Nouvelle-Calédonie fait ici figure de cas expérimental, que nous souhaitons également analyser dans une perspective comparative, au sein du programme SOGIP, notamment vis-à-vis de la Guyane Française

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Case kanake de la tribu de Xépénéhé, reportage à l’île de Lifou, province des îles, dans le cadre des bilans des Accords de Matignon, Nouvelle-Calédonie. ©Jean-François Marin/fedephoto.com

Les enjeux de l’alternative politique kanak

En matière de développement économique, les leaders kanak se revendiquant des droits autochtones s’appuient notamment sur l’article 29 de la DDPA sur la protection de l’environnement, afin d’exiger des dispositifs de compensation financière et des mesures environnementales face aux compagnies minières. En revanche, au nom de la « préparation à l’indépendance », les élus kanak des principaux partis indépendantistes soutiennent de nombreux projets de développement économique, devenant par là même des acteurs-clés du secteur stratégie de l’industrie du nickel.

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Ouvriers mineurs kanaks lors de l’extraction du nickel dans la mine de Ouaco, géré par La Province Nord, Province Nord, Nouvelle-Calédonie. ©Jean-François Marin/fedephoto.com

Plus largement, les leaders kanak nationalistes (FLNKS) et les leaders kanak « autochtones » (Rheebu Nuu, Caugern, Sénat coutumier) ont tendance à défendre désormais des perspectives politiques différentes concernant la place du peuple kanak au sein de la société calédonienne. Les élus du FLNKS jugent en effet que l’Accord de Nouméa a pleinement reconnu le principe des droits kanak, qu’il s’agit maintenant de mettre en œuvre et de concrétiser. De leur côté, les porte-parole de la « cause autochtone » considèrent que la reconnaissance des institutions coutumières (par l’Accord de Nouméa) permet désormais de revendiquer de nouvelles garanties légales, politiques et financières pour que les droits du peuple kanak soient respectés dans la société calédonienne, en dehors du cadre de la seule « citoyenneté calédonienne », et quelle que soit l’évolution statutaire du pays (indépendance ou maintien dans l’ensemble français). Ayant pour objet ces transformations politiques kanak contemporaines, notre recherche se focalise en particulier sur les usages et les non-usages de la DDPA/UNDRIP dans ce contexte politique troublé.


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