Benoît Trépied est l’auteur de "Une mairie dans la France coloniale. Koné, Nouvelle-Calédonie", Collection Recherches Internationales-CERI (dirigée par Jean-François Bayart), Karthala-Province Nord, 2010.
En 1946, l’extension de la citoyenneté française aux " sujets indigènes " a profondément bouleversé ce qu’on appelait alors la " France coloniale ". En Nouvelle-Calédonie, un nouveau parti a dès lors occupé le devant de la scène politique des années 1950 à 1970 : l’Union calédonienne. Celle-ci réunissait, selon le vocabulaire de l’époque, " autochtones " et " Européens ". Cette séquence historique apparaît à bien des égards énigmatique. Comment en effet comprendre le triomphe politique d’un parti dont la devise officielle, " deux couleurs, un seul peuple ", était apparemment aveugle aux inégalités héritées de l’époque coloniale, moins de dix ans après la fin du régime de l’indigénat ? L’auteur tente de répondre à cette question à partir d’une enquête ethnographique et micro-historique approfondie dans la commune de Koné (Nord-Ouest). Se consacrant à l’étude des acteurs locaux, des conflits et des enjeux municipaux, il décrypte l’Union calédonienne " au ras du sol ". C’est en jouant subtilement de toutes les nuances et ambiguïtés d’un tissu social façonné à la croisée de la civilisation kanak et de la colonisation que l’Union calédonienne est parvenue, à Koné, à nouer une alliance inédite entre ouvriers blancs, tribus kanak et autres outsiders coloniaux. Cet essai de micro-histoire représente une contribution majeure à une compréhension renouvelée de l’économie politique et morale des "situations coloniales ". Il enrichit ainsi le débat qui fait actuellement rage à propos des études postcoloniales. Et il sort de l’oubli une page cruciale de l’histoire du Pacifique Sud.
UNE MAIRIE EN PAYS KANAK
UNE HISTOIRE KANAK DU POUVOIR
L’UNION CALEDONIENNE AU VILLAGE
DEUX COULEURS, UN SEUL PEUPLE ?